Guerre du Viêtnam, conflit armé au Viêtnam entre le Viêtnam-du-Sud et son allié les États-Unis, le Viêtnam-du-Nord et le FNL

 Il débuta en février 1959, lorsque les anciens membres de la guérilla viêt-minh, demeurés au Sud, décidèrent de reprendre les armes et de renverser le gouvernement dictatorial du Viêtnam-du-Sud. Le conflit se transforma ensuite en une guerre ouverte entre le Viêtnam-du-Sud et le Viêtnam-du-Nord, puis en un conflit international limité. Les États-Unis et quelque quarante autres pays soutinrent le Viêtnam-du-Sud en lui fournissant des troupes et des munitions, tandis que l'URSS et la république populaire de Chine apportaient leur appui au Viêtnam-du-Nord et au Viêt-công. La guerre affecta aussi le Laos, où le Pathet Lao communiste combattit le gouvernement de 1965 à 1973 et parvint à abolir la monarchie en 1975!; ainsi que le Cambodge, où le gouvernement du général Lon Nol s'écroula en 1975 face aux Khmers rouges.


Origines du conflit 
La guerre trouve son origine lointaine dans le conflit (1946-1954) qui opposa la France au Viêt-minh, ou Ligue pour l'indépendance du Viêtnam, fondé et dirigé par le leader révolutionnaire Hô Chí Minh. Occupé par les troupes japonaises durant la Seconde Guerre mondiale, en août 1945!; profitant du vide créé par la reddition du Japon, les guérilleros du Viêt-minh s'emparèrent de la capitale, Hanoi et obligèrent l'empereur Bao Dai à abdiquer. La reconquête par la France de son ancienne colonie, en 1945-1946, puis l'impossibilité pour le Viêt-minh et pour le gouvernement français de s'accorder sur l'indépendance du Viêtnam conduisirent, en décembre 1946, au premier conflit indochinois, connu sous le nom de guerre d'Indochine. La bataille décisive eut lieu au printemps 1954 lorsque le Viêt-minh attaqua le camp retranché français de Diên Biên Phu, dans le nord du Viêtnam. Le 8 mai 1954, après un siège de cinquante-cinq jours, les Français capitulèrent.

Le même jour, à Genève, les délégués du Viêtnam-du-Nord et du Viêtnam-du-Sud rencontrèrent les délégations de la France, du Royaume-Uni, de l'Union soviétique, des États-Unis, de la Chine populaire et des deux États voisins, le Laos et le Cambodge, afin de discuter du futur de toute l'Indochine. Aux termes des accords signés à Genève au mois de juillet 1954, la France et le Viêtnam-du-Nord mirent fin à la guerre. L'indépendance du Laos, du Cambodge et du Viêtnam était reconnue, ce dernier étant partagé en deux zones de part et d'autre du 17e parallèle. La réunification du pays pourrait intervenir après des élections générales, qui devaient être organisées dans un délai de deux ans, et la constitution d'un gouvernement.

Ni les États-Unis ni le gouvernement de Saigon ne signèrent les accords de Genève, mais les États-Unis annoncèrent qu'ils ne feraient rien pour nuire aux accords. Avant même que la France eût quitté le Viêtnam, en 1955, les États-Unis commencèrent à soutenir militairement le gouvernement de Saigon. Le 24 octobre 1954, le président Dwight D. Eisenhower offrit une aide économique directe au Viêtnam-du-Sud, et au mois de février suivant, des conseillers militaires américains furent chargés d'entraîner les forces armées sud-vietnamiennes. L'aide américaine au gouvernement de Saigon se poursuivit après la déposition de Bao Dai, obtenue par référendum le 23 octobre 1955, à la suite duquel le Viêtnam-du-Sud devint une république, présidée par Ngô Dinh Diêm. L'une des premières décisions politiques de Diêm fut d'annoncer que son gouvernement refusait d'organiser des élections de réunification parce qu'il pensait que la population nord-vietnamienne ne serait pas libre d'exprimer sa volonté et parce qu'il craignait des fraudes électorales, ce qui, compte tenu de la valeur douteuse du référendum ayant écarté Bao Dai du pouvoir et de l'élection présidentielle qui suivit, augurait mal de l'avenir.



Entre paix et guerre 
La position de Diêm lui valut le soutien des États-Unis. Mais, l'autoritarisme et le népotisme de Diêm, de plus en plus dépendant des États-Unis, allaient mener à la reprise du conflit. De son côté, le gouvernement d'Hanoi restait déterminé à réunifier le pays et suivait avec attention l'évolution interne du régime sudiste. L'accord de paix conclu à Genève commença à s'effriter à partir de 1957. Le président Diêm avait structuré son régime de pouvoir personnel autour d'un parti, le Can-lao Nhan Vi, une armée et une police secrète très puissantes. Il décida de détruire l'infrastructure clandestine viêt-minh restée en place au Sud. En janvier 1957, la Commission internationale de contrôle, créée pour faire respecter les accords de Genève, signalait régulièrement des violations de l'armistice de la part du Viêtnam-du-Nord comme du Viêtnam-du-sud. La répression qui frappait les anciens combattants communistes les acculait à un choix terrible, ou disparaître, éventuellement gagner le Nord, ou combattre. Hanoi temporisa tout en laissant s'infiltrer au Sud les militants originaires d'Annam et de Cochinchine. Au mois de février 1959, les Viêt-công formèrent les premiers maquis dans le delta du Mékong. Ngo Dinh Diêm promulgua alors des lois d'exception, et le Parti communiste vietnamien décida en mai 1959 de soutenir l'insurrection du Sud en lui fournissant armes et munitions et éventuellement des renforts en troupes. La construction de ce qui allait devenir la piste Hô Chí Minh fut entreprise dés cette époque. Les attaques s'intensifièrent en 1960, l'échec d'un coup d'État antidiémiste à Saigon décida la résistance à s'organiser en un Front de libération du Viêtnam-du-Sud, dont l'armature politique et militaire allait être essentiellement formée par les militants communistes vietnamiens.



Agitation politique et sociale au Viêtnam-du-Sud 
Face à la détérioration de la situation, les États-Unis réaffirmèrent leur soutien à Saigon. En avril 1961, un traité d'amitié et de coopération économique fut signé avec le Viêtnam-du-Sud, et, en décembre, le président John F. Kennedy s'engagea à aider le Viêtnam-du-Sud. L'aide économique et militaire américaine au gouvernement Diêm s'intensifia. En décembre 1961, les premières troupes américaines, 400 militaires en tenue, arrivèrent à Saigon afin de faire fonctionner deux compagnies d'hélicoptères!; néanmoins, les États-Unis déclarèrent que ces troupes ne devaient pas être considérées comme des unités de combat. Un an plus tard, le nombre de militaires américains présents au Viêtnam s'élevait à 11 200, un commandement militaire américain était créé à Saigon en janvier 1962. Américains et Sud-Vietnamiens entreprirent de couper le FNL de ses bases en regroupant les paysans dans des «!hameaux stratégiques!». À la fin de 1963, environ 7 000 villages avaient été créés, qui regroupaient près de 8 millions d'habitants. Pourtant ces mesures n'avaient pas empêché le FNL de prendre le contrôle effectif de 50 p. 100 du territoire vietnamien.

De son côté, le gouvernement Diêm se montra incapable de souder autour d'un projet commun les oppositions au communisme. Diêm rejeta dans l'opposition les démocrates, les libéraux, les bouddhistes sud-vietnamiens, profondément froissés par sa politique procatholique, qui ne tardèrent pas à basculer dans l'opposition ouverte au régime Diêm. Les suicides par le feu des bonzes montrèrent au monde entier la gravité de la crise qui secouait le Viêtnam-du-Sud.

Le 1er novembre 1963, le président Diêm fut renversé par un coup d'État militaire et exécuté, dans des circonstances qui ne furent pas clairement élucidées à l'époque. Néanmoins, à l'été 1971, la publication par la presse américaine d'un rapport confidentiel du Pentagone révéla que le gouvernement américain s'attendait à un coup d'État et qu'il était prêt à soutenir un nouveau gouvernement.

Au cours des dix-huit mois suivants, le Viêtnam-du-Sud eut dix gouvernements différents, mais aucun ne sut régler efficacement la situation militaire du pays. Un conseil militaire dirigé par le général Nguyên Vãn Thiêu et le général Nguyên Cao Ký fut finalement créé en 1965. Entre temps, le Viêt-công avait mis à profit la crise politique et militaire pour porter des coups terribles aux hameaux stratégiques.



Intensification de la participation américaine 
Durant l'été de 1964, face à l'instabilité politique chronique du régime de Saigon, aux rivalités entre militaires, bouddhistes et catholiques et la progression sur le terrain du FNL, les États-Unis arrivèrent à la conclusion que seule une intervention directe et massive de l'armée américaine pouvait encore sauver la situation. La guerre connut une escalade dans la première semaine d'août 1964, lorsque des torpilleurs nord-vietnamiens attaquèrent deux destroyers américains dans le golfe du Tonkin. Agissant en accord avec une résolution adoptée le 7 août par le Sénat américain, la «!résolution du golfe du Tonkin!», autorisant l'intensification de la participation militaire américaine, le président Lyndon B. Johnson ordonna l'envoi d'avions de combat au Viêtnam-du-Sud et le bombardement de cibles militaires au Viêtnam-du-Nord en représailles. De 1964 à 1968, le général William C. Westmoreland fut commandant des forces américaines au Viêtnam-du-Sud, puis il fut remplacé en 1968 par le général Creighton Abrams.

En février 1965, l'aviation américaine commença à bombarder régulièrement le Viêtnam-du-Nord. Le 6 mars, les premiers marines débarquaient au sud de Danang. Le gouvernement américain espérait persuader Hanoi d'ouvrir des négociations et de cesser de soutenir le Sud. Le Viêtnam-du-Nord rejeta toute négociation tant qu'il y aurait des raids aériens sur le Viêtnam. L'effort de guerre américain devint de plus en plus massif : fin 1965, il y avait 200 000 hommes à l'été 1968, 550 000 soldats étaient stationnés au Viêtnam. Pour forcer la décision sur le terrain, toutes les techniques de guerre furent utilisées. Regroupement forcé de populations, recherche et élimination des membres de la guérilla dans les villages, bombardements massifs des zones rurales par les B-52, usage de défoliants détruisant le couvert végétal. Le résultat sera la dislocation générale de la société vietnamienne, en revanche il ne sera pas la défaite militaire du Viêt-công et du Viêtnam-du Nord. Au Nord, les bombardements stratégiques détruisirent complètement les villes et les bourgades situées entre le 17e et le 20e parallèle. Les Nord-Vietnamiens trouveront une parade en dispersant les populations et les centres de production. L'effet de terreur ne joua pas sur le moral de la population et ne provoqua pas l'effondrement attendu, il eut au contraire l'effet inverse. De même, l'US Air Force ne réussira pas à couper la piste Hô Chí Minh, l'artère vitale qui reliait les maquis du Sud au Nord.

En octobre 1966, des représentants des gouvernements des États-Unis, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Thaïlande, de la Corée-du-Sud et des Philippines — qui avaient tous envoyé des troupes au Viêtnam-du-Sud — se rencontrèrent à Manille et promirent de se retirer dans les six mois qui suivraient l'abandon de la guerre par le Viêtnam-du-Nord. L'offre fut rejetée par les Nord-Vietnamiens. En juin 1967, le président Johnson rencontra le dirigeant soviétique Alekseï Kossyguine et chercha son appui pour amener Hanoi à la table des négociations. Néanmoins, la guerre s'éternisa.

Deux mois après la rencontre, le président Johnson annonça que le nombre des forces américaines au Viêtnam serait augmenté pour atteindre 525 000 hommes en 1968. En même temps, les avions américains intensifièrent leurs bombardements sur le Viêtnam-du-Nord, poussant leurs incursions jusqu'à une dizaine de kilomètres de la frontière chinoise. Peu de temps après, le président Johnson proposa à nouveau un arrêt des bombardements au Viêtnam-du-Nord, si celui-ci était suivi de négociations de paix. Comme par le passé, Hanoi rejeta l'offre.

La guerre se poursuivit, et le nombre des victimes augmenta. En novembre 1967, le Pentagone annonça que les pertes américaines au Viêtnam depuis le début de l'année 1961 s'élevaient à 15 058 tués et 109 527 blessés. Le coût de la guerre, qui, en dehors des pertes humaines, était estimé à 25 milliards de dollars par an, et surtout sa mauvaise perception par l'opinion publique internationale provoquèrent, aux États-Unis, une opposition croissante à l'engagement américain au Viêtnam.



Offensive du TÈT

De février 1965 jusqu'à la fin de la participation américaine active en 1973, les forces sud-vietnamiennes (1 500 000 hommes) subirent l'essentiel du poids des combats au sol, il n'y eut qu'une seule semaine où le taux des pertes humaines américaines dépassa celui des troupes sud-vietnamiennes, ce fut lors de l'offensive du TÈt. Les principales opérations eurent lieu d'abord sur les hauts plateaux, dans les régions occupées par les peuples montagnards : Dak Tô en 1967, Lôc Ninh et Khe Sanh, camp retranché qui fut finalement évacué par les Américains en 1970, qui grâce à la puissance de leur aviation évitèrent un nouveau Diên-Biên-Phú.

Les Vietnamiens utilisèrent le relief tourmenté du pays pour mettre en place une logistique humaine invraisemblable de rusticité. Des milliers de coolies, poussant des bicyclettes chargées de matériel de guerre, empruntèrent la piste Hô Chí Minh, déversant au Sud des masses de ravitaillement pour les maquis. Les bombardements au napalm, aux défoliants, les opérations au sol échouèrent tous à couper ce qui fut le cordon ombilical entre la RDV et le Sud. En 1968, le stratège nord-vietnamien, le général Vô NguyÈn Giáp, lança la célèbre offensive du TÈt (du nom de la nouvelle année lunaire vietnamienne fêtée à la mi-février) une série d'attaques violentes contre plus d'une centaine de cibles urbaines fut déclenchée. Les Viêt-công s'infiltrèrent jusque dans Saigon, où l'ambassade et le QG américains furent attaqués. HuÈ, l'ancienne capitale impériale, fut l'objet de sanglants combats de rue. L'effet psychologique fut démoralisateur et dévastateur, même si, sur le plan militaire, l'armée nord-vietnamienne perdit environ 85 000 hommes en un mois de combats. Le monde entier voyait la première puissance industrielle et militaire du monde tenue en échec par des soldats vêtus de «!pyjamas!» et chaussés de sandales.

Le 31 mars, le président Johnson annonça la fin des bombardements américains sur le Viêtnam-du-Nord (Il annonça simultanément qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat présidentiel). Cette annonce, un nouveau geste en faveur de la paix, reçut un écho favorable à Hanoi, et, en mai, des négociations de paix s'ouvrirent à Paris entre le Viêtnam-du-Nord et les États-Unis. Plus tard dans l'année, les discussions furent étendues au Viêtnam-du-Sud et au FLN. Pourtant, les discussions ne progressèrent pas, malgré l'arrêt total des raids américains sur le Viêtnam-du-Nord au mois de novembre.



Vietnamisation de la guerre (1969-1971) En 1969, dans les quelques mois qui suivirent sa prise de fonction, le successeur de Johnson, le président Richard M. Nixon, annonça que 25 000 soldats américains quitteraient le Viêtnam en août 1969. Le retrait de 65 000 autres soldats fut programmé pour la fin de l'année. La vietnamisation de la guerre fut décidée afin que les États-Unis cessent de payer le prix du sang. Le retrait progressif américain ni la mort du président nord-vietnamien Hô Chí Minh, le 3 septembre 1969, ne purent débloquer la situation. À Paris, les Nord-Vietnamiens continuaient d'exiger le retrait total des Américains comme condition préalable à un cessez-le-feu.

En avril 1970, les forces américaines tentèrent un dernier effort pour réduire les sanctuaires viêt-công au Cambodge et pour couper la piste Hô Chí Minh. L'appel du prince Norodom Sihanouk à résister au régime républicain mis en place par le général Lon Nol fit avorter la manœuvre. Les paysans cambodgiens rejoignirent massivement les Khmers rouges. Les divisions régulières nord-vietnamiennes vinrent appuyer ces nouveaux alliés. Pour éviter de s'enfoncer dans un nouveau bourbier, les Américains se retirèrent au bout de trois mois en offrant un soutien aérien aux troupes du gouvernement de Phnom Penh.

En 1971, les forces sud-vietnamiennes jouèrent un rôle croissant dans la guerre, combattant au Cambodge et au Laos. Les négociations de Paris et la guerre elle-même furent alors éclipsées par l'élection présidentielle au Viêtnam-du-Sud. Les principaux candidats étaient NguyÈn Ván ThiÈu, qui cherchait une réélection, le vice-président NguyÈn Cao Ký et le général Duong Ván Minh. Ký et Minh, prétextant des élections truquées, se retirèrent et ThiÈu remporta un nouveau mandat de quatre ans.

Au cours des derniers mois de 1971, le retrait américain se poursuivit. Il coïncida pourtant avec un regain des activités militaires nord-vietnamiennes annonçant la préparation d'une importante campagne empruntant la voie Hô Chí Minh vers le Laos et le Cambodge. Des attaques aériennes américaines de grande ampleur eurent alors lieu dans la zone de guerre indochinoise. Au même moment, les forces terrestres communistes lancèrent des attaques efficaces et massives contre les forces gouvernementales au Viêtnam-du-Sud, au Cambodge et au Laos. On craignait aussi qu'Hanoi ne lançât une vaste offensive dans le centre du Viêtnam-du-Sud coïncidant avec la célébration du TÈt.


Polémique aux États-Unis 
Avant leur retrait, le nombre de soldats américains au Viêtnam-du-Sud atteignit plus de 541 000 en 1969. Aux États-Unis, alors que l'intervention militaire américaine s'intensifiait, la question de la guerre devint un sujet de controverse. Un mouvement pacifiste se développa et gagna du terrain, organisant des manifestations et des moratoires contre la guerre dans des grandes villes américaines. Lorsque les récits d'atrocités commises par des soldats américains au Viêtnam furent rendus publics, le mouvement prit encore plus d'importance. L'un des cas les plus connus fut le massacre de civils désarmés dans le village de My Lai en 1968. Le lieutenant William L. Calley, accusé d'être responsable du massacre, fut jugé coupable par un tribunal militaire en 1971.

La redéfinition de l'engagement américain dans la guerre du Viêtnam fut déclenchée par la publication, en 1971, dans le New York Times et d'autres journaux des «!Pentagone papers!» — une série de documents secrets du gouvernement américain concernant la situation vietnamienne. Ces documents éclairèrent d'un jour nouveau, et de façon consternante pour beaucoup, la manière dont les États-Unis avaient géré la guerre et les négociations de paix au cours des années 1960.



Les négociations dans l'impasse 
Le 25 janvier 1972, le président Nixon rendit publiques les multiples propositions que l'administration avait secrètement faites aux Nord-Vietnamiens au cours des trois années précédentes. Au même moment, il dévoila un nouveau plan de paix en huit points pour le Viêtnam qui incluait la tenue d'une nouvelle élection présidentielle au Viêtnam-du-Sud.

Le plan Nixon fut suivi par une version révisée d'un plan de paix proposé au Viêt-công en juillet 1971. Cette nouvelle version demandait la démission immédiate du président ThiÈu, afin que puissent s'ouvrir des négociations avec l'administration de Saigon, une fois que celle-ci aurait abandonné ce que le Viêt-công décrivait comme une politique de guerre et de répression. C'est avec la même insistance qu'Hanoi, par la voix de la délégation nord-vietnamienne à Paris, réclama la démission du président sud-vietnamien!; celle-ci annonça que les prisonniers de guerre américains ne seraient libérés que lorsque les États-Unis auraient renoncé à soutenir l'administration ThiÈu et que la guerre aurait cessé.

Au mois de février 1972, les forces sud-vietnamiennes lancèrent trois offensives au Cambodge. Les États-Unis firent connaître leur décision de ne plus révéler le nombre des avions participant aux raids sur le Viêtnam-du-Nord. Les négociations de paix furent rompues le 23 mars.



Offensive de Quang Tri
La guerre prit une tournure inquiétante une semaine plus tard. Le 30 mars, le Viêtnam-du-Nord lança une offensive massive vers le sud au-delà de la zone démilitarisée, dans la province de Quang Tri. En avril, les États-Unis répliquèrent par des raids aériens, les premiers et les plus avancés dans le territoire du Viêtnam-du-Nord depuis 1967.

Le 8 mai, le président Nixon ordonna le mouillage de mines dans tous les principaux ports du Nord, en particulier Haiphong, afin de couper les voies de ravitaillement de l'ennemi. Les bombardements aériens furent dirigés contre les voies de communications. Après avoir été contrôlée par le FNL pendant quatre mois et demi, Quang Tri fut reprise par les Sud-Vietnamiens le 15 septembre.


Les négociations Kissinger-Lê Dúc Tho 
Alors que la guerre se poursuivait, des pourparlers de paix secrets furent engagés, le 8 octobre, à Paris, entre Henry Kissinger, le conseiller du président pour les affaires de sécurité nationale, et le délégué nord-vietnamien Lê Dúc Tho. Pour la première fois, le camp communiste admit l'idée d'un plan de paix séparant le règlement militaire de la guerre du règlement politique, renonçant ainsi à exiger l'établissement d'un gouvernement de coalition au Viêtnam-du-Sud, et acceptant de discuter simultanément de la situation du Laos et du Cambodge. Le 26 octobre, Kissinger rendit public un plan de paix en neuf points, mais les problèmes techniques restèrent sans solution, et le président Thiêu qualifia le plan de capitulation.

La reprise des pourparlers entre Kissinger et Tho, le 4 décembre, souleva l'espoir, peut-être le plus important depuis le commencement des négociations de Paris en 1968, d'aboutir à la signature d'un accord final. Mais les discussions furent brusquement rompues le 16 décembre, et, le jour suivant, le président Nixon ordonna de nouveaux bombardements massifs sur Hanoi et Haiphong. Les raids aériens nocturnes des B-52 et d'autres bombardiers furent les plus violents de toute la guerre!; cette nouvelle escalade soudaine du conflit bouleversa l'opinion publique américaine et mondiale. Les raids causèrent la perte de 15 B-52 et la mort ou la capture de 93 officiers de l'US Air Force.



Paix provisoire 
Malgré la reprise des bombardements, chaque partie parut désireuse de sauvegarder les avancées de la négociation. Le 29 décembre, les États-Unis annoncèrent une suspension des bombardements au-delà du 20e parallèle pour le lendemain.

Avec la nouvelle année, les pourparlers secrets reprirent à Paris. Conscient des progrès accomplis, le président Nixon décréta l'arrêt de tous les bombardements, mouillages de mines et feux d'artillerie au Viêtnam-du-Nord. Après six jours de discussion, Kissinger et Tho se rencontrèrent à nouveau le 23 janvier 1973, et le président Nixon déclara à la télévision qu'un accord de cessez-le-feu officiel avait finalement été conclu.

Le 27 janvier, à Paris, les délégations des États-Unis, du Viêtnam-du-Sud, du Viêtnam-du-Nord et du gouvernement révolutionnaire provisoire du Viêtnam-du-Sud signèrent un accord qui «!mettait fin à la guerre et restaurait la paix au Viêtnam!». Le cessez-le-feu entra officiellement en vigueur le 28 janvier. Les États-Unis et le Viêtnam-du-Nord affirmèrent que l'accord ne comportait aucune clause secrète.

L'accord de paix prévoyait l'arrêt complet des hostilités!; le retrait de toutes les forces américaines du Viêtnam-du-Sud dans les soixante jours qui suivaient la signature!; la libération de tous les prisonniers militaires des deux camps par intervalles de quinze jours d'ici à deux mois!; la reconnaissance de la zone démilitarisée comme «!provisoire et non comme une frontière politique ou territoriale!»!; la création d'une commission internationale de contrôle (composée de représentants du Canada, de la Hongrie, de l'Indonésie et de la Pologne) chargée de surveiller la mise en œuvre des accords de paix!; des dispositions pour la tenue d'une conférence internationale dans les trente jours. L'accord permit à 145 000 soldats nord-vietnamiens de rester au Viêtnam-du-Sud, mais posa des restrictions quant à leur futur remplacement et à leur approvisionnement.



Conséquences du cessez-le-feu 
À la fin du mois de mars 1973, toutes les forces de combat américaines s'étaient retirées. Bien que le président Nixon eût apparemment assuré le gouvernement Thiêu de l'aide des forces américaines en cas de violation importante du traité, toute nouvelle aide militaire au Viêtnam-du-Sud devint politiquement impossible. L'une des raisons de cette situation fut la révélation du scandale du Watergate, qui obligea le président Nixon à démissionner le 9 août 1974.

Les combats entre les belligérants cessèrent peu de temps après l'instauration du cessez-le-feu mais reprirent en raison du refus du président Thiêu d'envisager des élections avec la participation des communistes, comme le demandait le GRP. Le refus de Washington d'intervenir politiquement amena ce dernier et le parti communiste vietnamien à évaluer les possibilités d'action militaire. Le 7 janvier 1975, la prise de Phuoc Binh par l'Armée populaire nord-vietnamienne, restée sans réaction, décida l'état-major nord-vietnamien à lancer une vaste offensive qui fut confiée au général Van Tien Dung. Le 10 mars, un gigantesque bombardement d'artillerie brisa le front au nord de Quang Tri et à Ban Me Thuot sur les hauts plateaux!; HuÈ fut prise le 25 mars 1975. Le 30 avril, la capitale, Saigon, tomba, et le général Duong Ván Minh n'eut d'autre solution que de signer une capitulation sans conditions.

Les huit années de guerre causèrent la mort de plus de 2 millions de Vietnamiens!; 3 millions furent blessés. On estime qu'à peu près 12 millions de personnes devinrent des réfugiés. Entre avril 1975 et juillet 1982, approximativement 1 218 000 réfugiés quittèrent le pays. Les pertes américaines s'élevèrent à 57 000 tués et 153 303 blessés. À la date du cessez-le-feu, il y avait 587 militaires et civils américains prisonniers de guerre, qui furent tous libérés.

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